Dans sa pratique, elle favorise une approche installative et immersive. En quête de l’essence, les matériaux (aluminium, acier inoxydable, fil de cuivre, textile, papier) et les techniques (pliage, découpage, tissage, teinture textile, etc.) sont avant tout au service d’une idée. Son processus créatif repose essentiellement sur des stratégies répétitives. Uniques à chaque projet, elles représentent une stabilité et un cadre sécurisant où les notions de contrôle et de mimétisme sont directement en lien avec le caractère fortuit et imprévisible. Tout d’abord, dans le geste répété, où le traitement calculé et machinal de celui-ci n’est jamais exact : des changements s’opèrent à chaque itération, se définissant, entre autres, par les subtilités produites par la main. Dans un deuxième temps, par la mise en œuvre d’un procédé itératif; un système que j’ai établi dès le début du projet que je ne reconsidère d’aucune façon tout au long du processus. Puis, dans la forme répétée, disposée en grille ou de manière ordonnée, dans laquelle s’inscrit une élaboration de représentations. Enfin, dans la notion de série où la variation sur un même thème est mise de l’avant. Elles peuvent sembler à première vue rigides et pragmatiques, mais il n’en demeure pas moins qu’à l’intérieur de ces structure s’exprime une grande complexité.
Cette esthétique de la répétition est issue de son admiration et sa fascination pour l’aspect uniforme d’un nombre important d’un même élément de couleur identique que l’on retrouve dans la nature; que se soit à notre échelle, comme par exemple un champ de blé ou à une échelle microscopique comme l’architecture cellulaire de certains organismes vivants. Ce qui la stupéfie est le caractère unique de chaque constituant malgré l’homogénéité que laisse présager la vue de l’ensemble. Cette régularité a toujours suscité en elle une sensation de calme; un effet impressionnant qui agit comme catalyseur et lui permet d’atteindre un état de contemplation et de sérénité presque méditatif. Ce bienfait est ressenti également dans le rituel d’exécution répétitif de ses œuvres et dans le regard qu’elle porte à celles-ci.
La science et l’histoire également sont des sources qui lui permettent de comprendre et d’entrer en relation avec le monde qui l’entoure et sont par le fait même des points d’ancrage, des pistes de réflexion qui l’amènent à concevoir ses œuvres. Dans les faits, elles n’en sont pas une représentation, mais dans leur façon de venir au monde, elles procèdent d’un processus intuitif, inconsciemment façonné et inspiré par ces savoirs. En plus de cette fondation théorique qui donne indéniablement tout son sens à son processus créatif, elle accorde une grande importance à l’aspect esthétique du résultat final. En effet, son moteur de création est la réalisation d’une œuvre esthétiquement séduisante et stimulante intellectuellement.